POURQUOI LOCALISER L’ENGRAIS ?

POURQUOI LOCALISER L’ENGRAIS ?

Enfouir l’engrais dans le sol comporte de nombreux avantages agronomiques et environnementaux par rapport à un épandage à la surface du sol :

  • Pas de perte par volatilisation
  • L’engrais est apporté au plus près des racines
  • Coller aux besoins de la plante
  • Eviter les brulures sur les feuilles
  • Diminuer la quantité d’engrais nécessaire

La localisation d’engrais peut se faire à trois étapes de la culture :

  • au passage de strip-till, avant le semis.
  • au semis : la plus courante est la fertilisation « starter » placée lors du semis de maïs. En semis direct, il est également possible et intéressant de localiser de l’engrais lors du semis des céréales ou du colza.
  • en inter-rang durant la végétation pour les cultures en ligne. Elle est historiquement pratiquée dans les régions productrices de maïs (Alsace, Landes, Pyrénées Atlantiques).

Localisation avec le strip-till

Lorsqu’au printemps on peut travailler profondément avec le strip-till, on peut en profiter pour localiser de grandes quantités d’engrais, en particulier de l’azote. En strip-till, le travail du sol étant réduit au minimum, la vitesse de minéralisation est réduite et se fait plus naturellement, donc un peu plus tardivement.

Enfouir l’engrais au strip-till permet donc d’assurer la disponibilité des éléments pour la plante et non pour les résidus de surface qui « consommeraient » une partie de l’azote pour se décomposer s’il était apporté en plein.

En strip-till, il faut soit enfouir l’azote avec le strip-till, soit anticiper l’apport.

Azote

L’azote localisé avec le strip-till correspond à une partie de la fertilisation faite en végétation (en urée par exemple) dans un itinéraire classique. La part enfouie représente généralement ½ à 2/3 de la dose d’azote totale.

En situation sèche, non irriguée, l’apport en plein peut mettre du temps à être efficace du fait du manque d’eau. L’enfouissement permet, lui, d’assurer la disponibilité de l’azote même sans pluie.

Dans certains cas la meilleure efficience de l’azote enfoui a permis de déplafonner les rendements, dans d’autres elle permet de diminuer la quantité apportée totale.

P&K

La localisation d’engrais de fond avec le strip-till ne présente pas d’intérêt agronomique particulier d’après des études américaines sur des sols bien pourvus. L’avantage de cette pratique est plutôt d’ordre logistique : quitte à passer le strip-till, autant localiser l’engrais lors de cette même intervention.

Chaux – Magnésie – …

La localisation de ces éléments est intéressant car cela permet un entretien régulier dans les terres où il serait bien de « chauler » mais où cela n’est pas indispensable, car on ne voit pas un effet immédiat sur le rendement comme l’azote par exemple.

De fait, on hésite parfois à investir dans un épandage à 150 € l’ha. Si l’on se dit que l’on localise tous les ans un peu, le coût est bien amorti, permets de maintenir sa terre fertile, et d’avoir un effet « boost » sur le rang.

Aucune étude n’a été fait pour en démontré l’effet. Il s’agit simplement d’une idée de bon sens, mise en application avec succès pour l’instant, sur l’exploitation de Cyrille

Localisation  au semis

Avec un semoir monograine

Fertilisation starter

Un engrais starter contient une petite quantité d’azote (N), de phosphore (P), et éventuellement de potasse (K) et d’autres oligo-éléments comme le soufre (S), le zinc (Zn), etc. Par exemple le 18-46, 14-48 ou engrais micro granulés comme Nutrifast, Physiostart, Microstar…

Placé proche de la graine, l’engrais favorise un démarrage vigoureux de la culture  et accélère le développement ce qui confère une meilleure résistance de la plante aux aléas climatiques (sols froids) et aux ravageurs.

La fertilisation starter est recommandée dans tous les cas où la croissance des racines risque d’être ralentie, comme dans un sol froid, en cas d’excès d’eau ou en présence de ravageurs dans le sol tels les taupins. Grâce à un développement précoce, placer l’engrais au plus près des racines améliore également la compétition face aux adventices. (Dwayne Beck, Dakota Lakes Research Farm)

Placement de l’engrais

L’engrais peut être placé dans la ligne de semis ou bien décalé de 5cm. Le choix du placement de la fertilisation dépend de sa salinité et de la texture du sol (sableux ou non). La salinité de l’engrais est fonction de sa concentration en N, P et S.

Exemple de la quantité d’engrais 10-34 qu’il est possible de localiser pour des rangs espacés de 76cm (source Pioneer):

PlacementSol sableuxSol non sableux
Dans le sillon50L/ha50L/ha
1cm du rang90L/ha90L/ha
2,5 cm du rang190L/ha380L/ha
5 cm ou plus du rang+190L/ha+380L/ha

Les engrais microgranulés doivent être placés directement dans la ligne de semis.

En strip-till ou semis direct, une fertilisation starter localisée au semis doit être utilisée systématiquement. Le sol un peu plus froid et la pression ravageur pouvant être plus élevée valorisent davantage le gain de vigueur obtenu avec la fertilisation starter.

Bénéfices de la fertilisation starter en maïs

Selon Arvalis : « Le bénéfice rendement n’est pas systématique mais atteint 2,5 q/ha en moyenne. Un gain moyen d’un point d’humidité est, lui, observé à chaque fois, permettant une récolte plus précoce. »

Les situations où la fertilisation starter entraine un gain de rendement sont :

  • les semis précoces
  • les sols froids
  • les sols à faible teneur en P et K
  • en cas de semis direct
  • en cas de présence connue de parasites du sol (taupins, scutigerelles, etc)

Fertilisation azotée au semis

En semis direct, pour faire face à la minéralisation plus tardive qui peut entrainer un manque d’azote dans la première partie du cycle du maïs, de nombreux agriculteurs épandent l’engrais en plein plusieurs jours avant le semis du maïs. L’autre solution est donc de localiser cet engrais lors du semis, en plus de la fertilisation starter.

Pour cela l’engrais doit être placé à 8-10cm du rang, et à la profondeur du semis pour éviter tout risque de brulure.

Selon les « SDistes » américains, en comparaison d’un épandage sur la surface du sol, la localisation d’azote avec le semoir permet d’économiser entre 20 et 25% d’engrais.

Betteraves sucrières

Pour les betteraves sucrières, la localisation au semis concerne uniquement l’azote, habituellement apporté en plein.

L’avantage principal est l’économie de 10 à 20% d’engrais, grâce à la suppression des pertes par volatilisation (estimées entre 5 à 25kg/ha selon la dose et les conditions de sol).

L’engrais azoté doit être localisé à 7cm de la graine, et la profondeur doit dépasser celle du semis.

Si l’avantage principal est l’économie d’engrais on constate tout de même une hausse de 1 à 2% de rendement.

La localisation d’azote au semis des betteraves a été largement étudiée par l’ITB et mise en pratique avec des résultats positifs dans toutes les régions betteravières.

Colza

 Dans le cas de reliquats azotés très faibles ou de sol pauvre en phosphore, un apport de faible quantité dans la ligne de semis favorise la croissance aérienne et racinaire du colza à l’automne. La vigueur permet également de lutter contre les ravageurs d’automne (limaces, altises, charançons du bourgeon terminal). Cet apport peut être réalisé avec un engrais N+P (18-46) à 50kg/ha.

Cette pratique est très répandue en strip-till. Beaucoup d’essais montrent un avantage en rendement qui résulte de l’homogénéité de la culture et du développement racinaire important en technique strip-till.

Avec un semoir à céréale

En semis direct ou en travail du sol très simplifié, la fertilisation localisée des céréales peut être positionnée de plusieurs manières selon les équipements disponibles

  • avec la semence dans le sillon
  • entre les lignes de semence
  • placé au dessus de la ligne
  • à côté et en dessous de la semence

Céréales d’automne

 Traditionnellement la localisation d’engrais lors du semis de ces cultures ne semble pas indispensable. Cependant en semis direct dans le cas d’un précédent maïs grain ou d’un couvert important, les reliquats sont faibles et un apport modéré d’azote et/ou de phosphore permet de « booster » la culture au démarrage. Cela lui permet de mieux résister aux ravageurs, et de développer rapidement un système racinaire performant.

Orge de printemps

En orge de printemps la technique est largement répandue dans les pays d’Europe du Nord et elle a été testée par Arvalis dans le Loiret depuis de nombreuses années.

Avec un cycle relativement court, la culture peut être rapidement pénalisée par une sécheresse printanière qui diminuerait la disponibilité de l’azote. Enfouir l’azote permet de limiter les pertes par volatilisation et localiser du phosphore permet de l’apporter au plus près des racines. Sauf dans les terres très pauvres en phosphore, les essais ne montrent pas davantage à en localiser.

Sur les 6 essais réalisés entre 1996 et 2012 par Arvalis dans le Loiret et la Meurthe et Moselle, la localisation d’azote a permis un gain de 2,9qx pour une même dose d’engrais. Le gain de rendement varie selon les conditions météorologiques de l’année, les années sèches avantageant l’engrais localisé enfoui.

Localisation en inter-rang en végétation

La localisation en végétation est la manière la plus économique et la plus écologique de fertiliser les cultures en ligne.

Diminuer les pertes par volatilisation

  • Améliorer l’efficience de l’urée et de la solution azotée
    Dans de bonnes conditions d’utilisation, l’efficience de l’azote absorbé est comparable pour les différentes formes d’engrais azoté. Cependant, l’urée et l’azote liquide sont fortement sensibles aux pertes par volatilisation. Ces pertes sont d’autant plus importantes dans des sols sableux ou à faibles CEC (Capacité d’Echange Cationique). Pour limiter ces pertes et obtenir une efficacité équivalente à celle de l’ammonitrate, l’urée et l’azote liquide doivent être enfouis dans le sol pour que l’ammoniac qui se dégage soit fixé avant d’atteindre la surface du sol. Le binage juste après un apport de surface ne suffit pas pour réduire suffisamment les pertes par volatilisation.
  • Le juste retour sur investissement
    En enfouissant les engrais azotés, on diminue de 6 à 28% la quantité d’azote perdue ! La volatilisation est d’autant plus importante en conditions sèches avec du vent : s’il ne pleut pas 15-20mm dans les 10 jours après l’application d’urée, 30% de l’apport peuvent être perdus par volatilisation.Avec de l’urée, la localisation profonde permet un gain de rendement de 10qx par rapport à un apport en plein. D’autres essais montrent un avantage de rendement de 8% comparativement à un apport de surface en plein ou localisé avec pendillards.
  • S’affranchir des conditions climatiquesL’azote est enfoui dans un sol frais, pas besoin d’attendre la pluie alors qu’avec un apport en plein une pluviométrie de 10 à 15 mm est nécessaire pour que l’azote puisse être transféré aux racines de la culture. Lorsque vous apportez l’azote en plein au semis, si les conditions restent sèches votre maïs peut souffrir d’un manque à un stade critique. Grâce à la localisation en profondeur, la plante a toujours accès à l’engrais.

Apporter l’engrais au plus près des besoins de la plante

  • Apporter l’azote à la plante quand elle en a besoin.
    Le maïs n’a pas besoin d’azote avant le stade 5 feuilles mais absorbe 85% de son azote entre le stade 7 feuilles et la fin de la floraison femelle. Les besoins relativement tardifs de la plante ne coïncident donc pas avec les apports d’azote réalisés en plein lors du semis. Toutefois, une limitation de l’absorption en azote peut causer une perte de rendement (nombre de grains et longueur de l’épi)
  • Fractionner pour plus d’efficacité
    Fractionner la fertilisation en plusieurs apports permet d’optimiser la valorisation de l’azote. Les recherches en sol sableux montrent un avantage systématique au fractionnement et à la localisation comparativement à un seul apport au semis. Un fractionnement en 3 fois peut être judicieux en sol superficiel.

Eviter les brûlures sur la plante

Au delà du stade 3 feuilles les risque de brûlures du cornet à cause des granulés d’engrais solide épandus en végétation sont importants.

Fertiliser la plante, pas les adventices

Localiser permet de fertiliser le maïs seulement, pas les adventices ! La plupart du temps le désherbage du maïs est terminé lorsqu’on localise l’azote. Le localisateur à disque Fertill bouleverse très peu le sol et ne provoque pas de relevées d’adventices.

Contraintes environnementales

  • Pollution de l’eau
    Un apport massif d’azote lors du semis risque d’être lessivé en sols filtrants. Dans les sols en pente, l’engrais peut être entrainé par ruissellement et érosion lors des orages.Dans certaines régions la réglementation agit déjà dans le sens de la protection de l’eau en imposant un fractionnement des apports ou une quantité maximale d’azote par apport.
  • Pollution de l’air
    La volatilisation des engrais azotés participe à la pollution de l’air. Le protoxyde d’azote(N2O) se forme au moment de la dénitrification. C’est un gaz à effet de serre au pouvoir de réchauffement 310 fois supérieur au CO2. Le fractionnement des apports et l’application au plus près des besoins de la culture sont la meilleure façon de réduire ces émissions

Pour vous, la volatilisation ou le lessivage sont une perte économique directe, c’est tout simplement de l’azote qui échappe à votre culture.

Conclusion

La localisation d’azote permet de s’affranchir des risques de volatilisation et d’être plus souple avec les conditions climatiques. Vous êtes sûr que l’engrais que vous apportez sera disponible pour votre culture et mis à profit par celle-ci. Grâce à un meilleur positionnement vous pourrez améliorer vos rendements ou bien diminuer vos apports. En effet on considère que si tout l’apport d’azote est localisé, la dose totale peut être réduite de 10%.

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